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Diversification Lavande et aubracs pour un nouveau départ

Dans le Lot, Damien et Émilie Schlernitzauer, producteurs d’agneaux labellisés, se lancent dans la culture des plantes aromatiques et l’élevage de vaches aubracs.

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Sur le plateau calcaire des causses du Quercy, dans le Lot, la Ferme des Lavand’hier a pris un nouvel essor depuis l’installation d’Émilie début 2019. L’ancienne infirmière, qui avait passé un bac pro agricole spécialisé en élevage équin, par passion pour les chevaux, n’y a pas réfléchi à deux fois lorsque Damien, son époux, lui a proposé de le rejoindre sur l’exploitation. « Il avait fini de payer ses emprunts et sa mère, Jeanine, avec qui il était associé en Gaec, avait pris sa retraite, raconte la jeune femme. Soit il continuait seul l’élevage ovin, soit nous développions la ferme à deux. Nous sommes partis sur cette option. »

En trois ans, plus de 15 hectares de lavande et lavandin ont été plantés sur la terre rouge du causse du Quercy, constellée de cailloux blancs. C’est un terrain apprécié des plantes aromatiques. © F. Jacquemoud

160 brebis caussenardes

Installée depuis plusieurs générations au mas de Gubert, à Grèzes, la famille de Damien possédait un important cheptel de brebis caussenardes, la race rustique du Quercy, dont elle vendait les agneaux. « Avec ma mère, nous sommes montés jusqu’à mille brebis, mais c’était beaucoup trop, témoigne l’éleveur. À une période, cette production ne rapportait presque plus rien. Pour stopper cet engrenage, j’ai décidé de ne garder que cent soixante mères élevées en plein air et d’adhérer à la démarche du label rouge fermier Agneau du Quercy. Je propose aussi mes services à mes collègues pour la tonte des brebis. »

 

 

Le troupeau de caussenardes vit en plein air quasiment toute l’année. Les agneaux sous label rouge fermier du Quercy sont vendus au Geoc, groupement d’éleveurs ovins caussenards. © F. Jacquemoud

Plus de 15 ha de lavande et lavandin

Lorsqu’Émilie s’est installée, l’idée de Damien était de diversifier la production de la ferme avec des plantes aromatiques. Il y a soixante ans, la lavande était cultivée dans le Lot et les anciennes lavandières existent encore. « Nous avons suivi des formations sur le plateau de Valensole, dans les Alpes-de-Haute-Provence, et avec la chambre d’agriculture du Lot, puis nous avons commandé des plants sains et bio chez un pépiniériste de la Drôme, poursuit l’agricultrice. La région Occitanie et le département nous ont aidés pour ces achats. L’exploitation compte aujourd’hui 4 hectares de lavande et 11,5 hectares de lavandin, que les brebis désherbent sans toucher à la culture. Des voisins nous ont également donné un coup de main pour les plantations et l’Esat (1) de Figeac pour récolter. Nous aurons cette année notre première production en conversion bio. »

Les deux cultivateurs ont acheté une récolteuse pour se faciliter la tâche. Les fleurs seront ensuite distillées par Jean-Marc Soulayres (lire encadré). Puis, les flacons d’huile essentielle seront vendus dans les boutiques locales. Le jeune couple espère être rapidement référencé dans les réseaux de magasins bio. Émilie aimerait aussi fabriquer des savons avec ses huiles. « À terme, nous allons également cultiver de l’hélichryse, du thym et du genièvre », précise Damien.

De l’aubrac en vente directe

Mais en attendant que la lavande ait atteint son maximum de production, soit quatre à cinq ans après la plantation, Émilie et Damien ont développé un troisième atelier, en achetant quatorze vaches aubracs et un taureau de dix-huit mois, Ferdinand. Cette année, les premières génisses nées à la ferme sont à la saillie. Les femelles sont gardées pour le renouvellement du troupeau et les mâles vendus à 300-350 kg à un marchand de bestiaux qui les exporte pour la repousse en Italie. Les deux troupeaux, qui pâturent à volonté sur les 509 hectares de parcours boisés, sont élevés en quasi-autonomie grâce au foin et à la production de méteils. « En semis direct, rigole Damien, car nos terres arides ne sont pas labourables. »

Seul l’aliment sans OGM est acheté pour terminer les agneaux label rouge, qui quittent l’exploitation à cent cinquante jours. « Notre objectif est d’avoir en permanence une quarantaine d’aubracs et, à terme, de vendre notre viande bovine en direct, détaille Émilie. Mais il faut d’abord bâtir nos circuits de distribution. Nous pourrons passer par différents abattoirs – Brive, Castres – et par la salle de découpe de Saint-Céré, qui conditionne les morceaux sous vide et les stocke en chambre froide. Un outil précieux pour ce type d’activité. » Florence Jacquemoud

(1) Établissement et service d’aide par le travail.

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